Le Prix du Silence

L’auteur : Eric Florand 

Éric Florand est thérapeute holistique et auteur, engagé pour une approche globale du bien-être. Président-fondateur de la Fondation Alice Milliat, première fondation européenne dédiée à la médiatisation et à la reconnaissance du sport féminin, il milite pour plus d’égalité et de visibilité dans le sport. Son action s’articule autour de la promotion de l’égalité de genre dans le sport, la médiatisation des sportives, le soutien aux initiatives innovantes et l’éducation du grand public. Son travail de thérapeute, axé sur la guérison des traumas et le développement de la conscience de soi, nourrit son action dans le monde du sport : il plaide pour que la performance athlétique s’accompagne d’un véritable soutien psychologique et humain.
En cette année où la santé mentale a été déclarée grande cause nationale, il lui semblait essentiel de contribuer à ce mouvement en apportant ma voix et mon expérience.
Ce nouvel ouvrage s’inscrit dans la continuité de son premier livre, « Tout attendre de l’imprévu » (paru en 2024), et poursuit sa réflexion sur l’équilibre intérieur, le dépassement de soi et la résilience.

EXTRAIT

Pour que le sport redevienne un modèle vivant

Je rêve d’un sport qui ne fabrique pas seulement des médailles, mais des hommes et des femmes debout. Un sport qui ne soit pas un lieu d’exploitation des corps, mais un chemin d’éveil des consciences. Un sport qui élève, non pas vers le podium uniquement, mais vers l’intérieur. Vers cette partie de soi que la performance seule n’atteint jamais.
Nous avons besoin de modèles vivants, pas de surhommes inaccessibles. Et parfois, ces modèles existent déjà. Teddy Riner, par exemple, n’est pas seulement un monument du judo. C’est un homme qui parle de ses doutes, de ses douleurs, de ses échecs. Qui assume ses blessures, qui ne triche pas avec la fatigue, ni avec la peur. Un champion, oui — mais surtout un homme conscient de sa propre humanité, et de ce qu’il transmet.
Ou Léon Marchand, ce nageur de l’ombre et de la lumière. Calme, simple, presque discret. Mais chez lui, tout respire l’alignement. Son corps nage, oui, mais c’est son intériorité qui propulse. On sent une paix, une fluidité, une absence de surcompensation. Un sport sans ego, ou plutôt, un ego intégré. Marchand ne crie pas, il incarne. Il nous montre que l’on peut briller sans s’agiter. Performer sans s’oublier. Réussir sans trahir sa vérité profonde.
Et aujourd’hui, c’est Victor Wembanyama, 21 ans à peine, qui pose un geste aussi rare que puissant : il interrompt son planning ultra-millimétré de star NBA pour partir, seul, en retraite spirituelle dans un temple Shaolin. Là où d’autres enchaînent les entraînements à la minute, lui choisit de ralentir. De se retrouver en silence, au coeur d’un vide habité, loin des projecteurs, proche de lui-même. Ce n’est pas un caprice. C’est un signal. Celui d’une génération qui cherche autre chose. Qui veut conjuguer excellence et sens. Présence et puissance. Intériorité et rayonnement.
Ces figures ne sont pas des anomalies. Elles sont les éclaireurs d’un basculement.